Pétition nationale « Demandons aux jeunes médecins généralistes d’effectuer leur première année professionnelle en territoire sous médicalisé ?»
Décisionnaires destinataires :
Madame BUZYN Ministre de la santé
Messieurs les Présidents des groupes parlementaires
Le problème à résoudre qui motive notre demande :
Le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques induisent une demande accrue de soins de proximité. Dans le même temps, malgré la progression du nombre de médecins, on constate une forte disparité territoriale (guère plus de 100 médecins pour 100 000 habitants en région Centre contre plus de 150 en PACA), une baisse du nombre de généralistes et une pyramide des âges telle que 1 généraliste sur 4 aura cessé d’exercer d’ici à 2025. La conséquence est bien connue et largement documentée : l’existence de territoires sous médicalisés ( pas seulement en milieu rural) qui survient en parallèle à la disparition de nombreux services de proximité ( transport, éducation, garde d’enfants ) dans les mêmes zones, à l’encontre du principe d’égalité des citoyens dans l’accès aux soins. L’urgence impose de trouver des solutions de court terme, en attendant l’impact à moyen terme de mesures plus structurelles.
Les solutions possibles :
A la lumière des résultats déjà obtenus par les politiques d’incitation à l’installation et d’aménagement du territoire il faut aller plus loin et traiter l’urgence en combinant quatre registres d’interventions, dont certains sont déjà pris en compte par le Plan Santé du gouvernement . La plupart apportent des solutions de moyen terme, seul le dernier registre permettrait de faire face à l’urgence :
- La politique d’aménagement du territoire doit disposer d’un volet santé et assurer la disponibilité sur l’ensemble du territoire de la fibre optique (condition nécessaire pour la télémédecine) et de services de base de nature à retenir et attirer la population (y compris de jeunes médecins !).
- Les initiatives en matière de santé doivent être adaptées à chaque type de territoire sous doté en médecins, et comporter un mix de modalités de renforcement de la présence médicale : maison de santé multidisciplinaires, centres de santé municipaux salariés, télémédecine, notamment au bénéfice des EHPAD, consultations délocalisées, flexibilité accrue des statuts de remplaçant assistant. Les jeunes médecins aspirent de plus en plus à un exercice collectif et laissant le choix entre statut de salarié ou libéral dans la médecine de proximité.
- La médecine générale doit cesser d’être le parent pauvre de la profession médicale et voir son attractivité renforcée pour les étudiants et les jeunes médecins avec la mise en place de stages ambulatoires en médecine libérale pour tous les étudiants , la multiplication du nombre des maitres de stage, le ciblage régional de la suppression du numerus clausus et de la création des « assistants médicaux » , une protection sociale accrue des jeunes praticiens.
- Passer de l’incitation à l’obligation. En dépit des aides renforcées à l’installation, de la mise à disposition de locaux équipés par nombre de communes et des cessions gratuites de patientèle et de matériel par les généralistes âgés, les inégalités territoriales ne se résorbent pas. Il convient donc de faire un pas de plus, dans l’esprit des recommandations du Conseil Economique, Social et Environnemental (rapport 2017 sur les « déserts médicaux ») en :
- régulant les installations, même si cela contrarie l’Ordre des Médecins, sur le modèle des dispositions qui régissent l’installation des autres professions de santé, à commencer par les pharmaciens afin de privilégier les installations dans les territoires sous dotés.
- contractualisant avec les étudiants intéressés qui se verraient offrir une bourse d’étude conséquente en échange d’une installation en zone sous dotée, pour une durée équivalente à celle de la perception de la bourse.
- Enfin et surtout, privilégier l’intérêt général en répondant aux attentes légitimes de la population pour trouver le juste équilibre entre liberté d’installation et volontarisme de l’aménagement du territoire. Les médecins sont aussi redevables des contribuables qui financent leurs coûteuses études et leur exercice est solvabilisé par nos cotisations sociales.
- Les solutions mentionnées plus haut sont fondamentales pour assurer des solutions pérennes à moyen et long terme mais ne permettent pas de faire face à l’urgence d’ici à 2025. Il est proposé de créer une obligation de service d’intérêt public d’un an dans les territoires sous dotés pour les jeunes praticiens généralistes nouvellement inscrits à l’Ordre des médecins, avant leur libre installation. Il vaut mieux un médecin qui change tous les ans plutôt que pas de médecin du tout ! De plus cette opportunité de découvrir les conditions d’exercice dans ces territoires ne manquera pas de déboucher sur un certain nombre d’installations pérennes. Il s’agit d’un service civique, mais rémunéré à plein tarif et qui permettra d’une part de répondre à la légitime attente de la population, d’autre part de stabiliser la présence des autres professionnels de santé dans ces territoires.
Si vous êtes convaincus que cette obligation est une nécessité, rejoignez nous, signez cette pétition, c’est urgent, chaque semaine des généralistes âgés partent et ne sont pas remplacés, laissant sans solution des pans entiers de population !
Docteur Patrick LAINE