Interpellation sur les conditions de prise en charge par les SAAD (Les Services d'aide et d'accompagnement à domicile)

Mesdames, Messieurs,

Je souhaiterai vous interpeller et vous faire part de ma colère sur les conditions de prise en charge des personnes âgées et handicapées par les services d’aide à domicile où l’humain fait place au financier et qui se dégrade depuis longtemps et encore plus actuellement via mon témoignage que vous pouvez lire ci-dessous :

Je m’appelle Jessica, j’ai 36 ans et suis d’origine Auvergnate. J’ai vécu pendant 20 ans au centre médical infantile de Romagnat près de Clermont-Ferrand (63). Avec l’aide d’un référent parcours de l’AFM à l’époque, j’ai pu en partir en 2010 pour intégrer l’Institut du Mai à Chinon (37) pour y suivre une formation à l’autonomie et à l’insertion sociale. J’y ai appris beaucoup de choses et en Juin 2014 je déménageais sur Poitiers (à la base je souhaitais plus aller sur Nantes, mais à ce moment-là, il y avait une place sur Poitiers donc je n'ai pas vraiment eu le choix…). 

Me voilà donc dans mon appartement à pouvoir vivre à domicile comme tout à chacun et devoir gérer tout ce qui va avec. Et en particulier le service d’aide à domicile en prestataire dont j’ai besoin pour m’aider dans les tâches quotidiennes aussi bien pour de l’aide humaine que pour le ménage et la préparation de mes repas. Ce qui n’était pas déjà facile au début, car je n’en connaissais pas le fonctionnement et j’avoue que pendant un bon moment n’osait rien dire quand quelque chose n’allait pas avec une intervenante ou au niveau du planning, etc. Ce qui n’est plus le cas maintenant ayant acquis de l’expérience dans ce domaine et beaucoup mieux compris les rouages de cette machine à sous dont les joueurs sont les bénéficiaires qui en baissant la manette vers le bas ne savant pas sur quelles cartes ça va tomber, ces mêmes cartes représentant les auxiliaires de vie dont on ne sait jamais qui ça va être !

Parlons des galères quotidiennes, qui pour ma part sont d’avoir des auxiliaires qui ne prennent pas forcément le temps de bien me comprendre (ayant des problèmes d’élocutions cela est bien embêtant quand c’est le cas), de ne pas toujours être prévenue des changements de planning, d’avoir de plus en plus l’impression d’avoir des robots qui font ce qu’on leur demande de faire pour la partie technique du travail le relationnel en moins et n’étant moi-même pas forcément celle qui va parler la première et avoue être assez en difficulté face à des intervenant(e)s qui sont aussi dans cette position. D’être obligé d’avoir plusieurs intervenantes par semaine en roulement parce que mon cas est lourd. D’attendre parfois jusqu’à 10h/11h pour pouvoir être sortie de mon lit et aller sur mon FRE.

Aussi, lorsqu’il y a des fois des problèmes avec des intervenantes et que je peux ne plus vouloir qu’elles interviennent chez moi, il est en général difficile pour les agences de pouvoir la remplacer, mais à vrai dire n’ai jamais obtenu ces changements facilement et ce bien avant le Covid. Covid dont je trouve, mais peux être que je me trompe, qu’on s’en sert pour expliquer ou justifier des choses comme si les problèmes que nous rencontrons dans les services d’aide à domicile n’étaient jamais présents avant, ce qui est loin d’être le cas pour ma part car les ai toujours eus.

Pour finir sur ce sujet, car il faudrait un livre pour pouvoir énumérer tous les problèmes du quotidien avec ces services, je voudrais signaler les horaires des prestations imposés par les agences, en particulier les soirs où les prestations doivent s’arrêter à 20h. Je ne sais pas si c’est parce que les agences auraient un quota d’heures à respecter ou si ça viendrait des intervenantes qui ne voudraient pas finir après 20 h, mais personnellement, je trouve que ces horaires sont bien adaptés pour les personnes âgées, mais pas pour des jeunes comme moi qui souhaiteraient pouvoir se coucher plus tard et pas comme les poules !

J’en ai marre de la soumission permanente aux services d’aide à domicile qui donnent souvent raison aux auxiliaires lorsqu’il y a des problèmes, qui imposent leurs intervenant(e)s et quand vous leur dites que ça ne vas pas avec une d’entre elles soit on continue de vous le mettre en disant qu’il n’y a que cette intervenante de disponible soit on vous demande si vous voulez être toute seule, ce qui dans mon cas est impossible ! J'ai aussi l'impression que c'est aux bénéficiaires de s'adapter aux agences et à leurs auxiliaires de vie et non plus l'inverse, l'avez-vous aussi ?

Pour finir, je souhaite aussi vous interpeller sur une pratique apparemment régulière et arrivant à des bénéficiaires de ces services à domicile, mais qui pour moi a été la première fois le Jeudi 26 Mai 2022 qui était, un jour, férié. Suite à l’absence de l’intervenante qui devait intervenir chez moi toute la journée, j'ai failli ne pas être levée de la journée ni manger par la même occasion par ailleurs. Je dis que j’ai failli ne pas être levée, car ça a pu être finalement le cas grâce à une de leurs intervenantes à qui il m’a fallu payer le taxi pour qu’elle puisse intervenir chez moi, car aucun bus ne passait…

Personnellement, trouve cela inacceptable et inhumain qu’on puisse laisser une personne comme moi (et d’autres) qui ne peut se lever seule ni uriner seule si besoin sous prétexte « qu’il n’y a personne », et ne parle même pas des repas ! Je ne pense pas que vous ou d’autres personnes supporteraient la moitié de ce qu’on vit au quotidien avec ces services d’aides à domicile sans jamais rien dire ! De plus, lorsque cela arrive et que personne de mon agence n’intervient chez moi, ni les infirmiers qui viennent chez moi les matins et ni les « conseillers » qui sont d’astreinte les soirs, fériés et week-ends ne me propose une autre alternative que celle de rester dans mon lit deux jours sans manger ni boire.

En gros, parce qu’ « on a pas le temps », qu’« on a d’autres personnes » et autres raisons font que ces professionnels de santé et du prendre soin se permetteraient de mettre en danger les plus dépendants d’entre nous et par la même occasion de remettre en cause notre vie à domicile. Est-ce qu’un mauvais salaire et de mauvaises conditions de travail peuvent justifier de tels comportements et que ceux-ci, y compris leur hiérarchie, prennent le risque qu’il arrive quelque chose d’important voir grave à un de leur « clients » ?

Voilà et me concernant constate une dégradation de ces services que l’on paye une fortune (même si ce n’est toutefois pas moi qui les paye, mais le Département) qui ne sont plus capable, à ce jour, de fournir des prestations correctes... 

Je précise que ce que je dis est tiré de mes expériences avec les différents services à domicile chez qui je suis allé depuis mon arrivée sur Poitiers en Juin 2014.

Il serait bien d’améliorer à l’avenir notre prise en charge à domicile par ces services et de faire plus de place à l’humain et qu’on donne moins d’importance au profit, car les personnes faisant ou faisant fonction d’auxiliaire de vie s’occupent avant tout d’humains fait de chair et d’os (que nous soyons âgées ou que nous ayons une maladie) et non de machines et ne sommes pas non plus des objets de travail ni des occupations qu’on se trouve pour se faire des revenus !

Pour ma part, pense qu’être auxiliaire de vie n’est pas fait pour n’importe qui et que lors des recrutements et au cours des contrats, il soit vérifié que les personnes sont réellement capables de faire ce métier sans que ça ne porte atteinte sur le long terme à la prise en charge des bénéficiaires qu’on leur attribue et ni sans que ça puisse remettre en cause leur maintien à domicile.

Si vous avez un proche ou un membre de votre famille qui fait appel à un service d'aide à domicile et que vous ne voulez pas que son maintien à domicile soit remis en cause et qu'il puisse vivre chez lui en toute sécurité comme tout à chacun, rejoignez-moi et signez ma pétition !

Vous remerciant de m'avoir lu, veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, mes sincères salutations.