Depuis le 2/11/2020, le port du masque dans les écoles et activités périscolaires est rendu obligatoire dès l’âge de 6 ans.
En tant que psychologues, neuropsychologues, professionnels de l’enfance, nous nous inquiétons particulièrement quant aux conséquences liées au port du masque pour des enfants de cet âge. L’école est un lieu d’apprentissages, de socialisation, de développement des compétences sociales et émotionnelles, qui demandent aux enfants la réalisation d’efforts conséquents pour apprendre, s’adapter, accepter, respecter des règles contraignantes. Cela nécessite déjà une dépense d’énergie importante sur le plan de l’attention, la concentration, la flexibilité, notamment. Les conditions d’accueil sont donc primordiales pour permettre aux enfants un accès serein à leurs ressources.
Nous craignons que le port du masque, même s’il est bien accepté par un certain nombre pour le moment, puisse avoir des conséquences considérables sur le plan des apprentissages, le langage notamment, la compréhension, la lecture des intentions de l’autre, plus globalement l’apprentissage des compétences sociales et émotionnelles. A 6 ans, ces compétences sont encore en voie de progression, d’acceptation. D’autre part, le masque oblige à parler plus fort, gène, tient chaud, empêche une respiration fluide, peut donner une impression d’étouffement, affecte le repérage visuo-spatial. L’enfant, en conséquence, touche son masque, le bouge, le met sous son nez, le salit, se touche le visage sous son masque… Il ne peut inhiber ces comportements, gestes, ce qui impacte donc l’efficacité réelle du port de ce masque ; Le masque n’est alors plus un outil protecteur, mais il devient au contraire une source de contamination.
Cette mesure ne semble pas prendre en compte les besoins essentiels de l’enfant.
Un rapport de l’UNICEF et de l’OMS rappelle :
"Compte tenu du nombre limité de données sur le port du masque par les enfants dans le cadre de la pandémie de COVID-19 ou d’autres maladies respiratoires, y compris sur la transmission du SARS-CoV-2 chez les enfants pour différentes tranches d’âge, l’élaboration de politiques par les autorités nationales doit être guidée par les principes de santé publique et sociaux suivants :
Oui, les enfants peuvent s’adapter, mais à quel prix ? Les enfants dépendent en grande partie de nous et nous accordent leur confiance. C’est à nous, adultes, de les aider à grandir sereinement en favorisant un environnement propice au bon développement de leurs compétences sociales, affectives, émotionnelles.
Ces questions étant posées, et faisant le constat que le masque ne peut être efficace pour des enfants de cet âge qui ne peuvent l’utiliser correctement, comment pouvons-nous réajuster ces mesures afin de limiter les répercussions psychologiques majeures que nous pouvons facilement imaginer aujourd’hui ?
D’autre part, nous interrogeons également les répercussions psychologiques du port du masque des accueillants en crèches, en MAM, sur le plan du développement psycho-affectif des enfants. L’enfant grandit et apprend grâce aux retours de la personne qu’il a en face de lui. Bien évidemment, le regard, le ton de voix, les mots ont leur importance. Toutefois, ils ne peuvent plus s’appuyer, se repérer grâce au visage dans sa globalité, aux expressions, aux mimiques de leur interlocuteur. C’est grâce à ces repères que l’enfant apprend à reconnaitre et comprendre une émotion notamment.
Selon M.CH Delavallée (2009, p. 5854) : « Les émotions sont au cœur de nos échanges sociaux. Les expressions faciales d’émotion, en particulier, fournissent des informations essentielles dans nos interactions quotidiennes avec les autres (…). La plupart des chercheurs sont d’avis que c’est essentiellement à travers les interactions avec ses proches et les séquences complexes d’actions qui sont ainsi générées que le nourrisson apprend peu à peu à reconnaître les expressions d’émotion des autres, à leur donner un sens. Les interactions face à face joueraient à cet égard un rôle crucial. Lorsqu’ils interagissent face à face avec un bébé, les adultes ont généralement tendance à accentuer leurs mouvements faciaux. »
Dès les premiers mois de la vie, le bébé passe beaucoup de temps, et a besoin de ce temps pour observer, scruter les visages de ses proches, son entourage, et va imiter son papa, sa maman, grands-parents, mais aussi ses autres figures d’attachements : son assistante maternelle, sa référente en crèche notamment, etc. C’est de cette façon que l’enfant parvient à comprendre et à développer les compétences émotionnelles, la socialisation. Cela met en jeu les neurones miroirs, indispensables pour la construction sociale de l’individu, une meilleure compréhension du ressenti de l’autre : le développement de l’empathie (Oztop E., Kawato M., Arbib M, » Mirror neurons and imitation: A computationally guided review » Neural Networks, 2006, vol 19 (3), pp254-271 http://dx.doi.org/10.1016/j.neunet.2006.02.002)
Notamment le sourire de l’adulte est central pour le tout petit. Ce sourire qu’il ne pourra plus repérer si facilement, la bouche étant cachée, la moitié du visage étant masquée. Ses repères changent dans la journée, ne permettant plus la continuité dont il a tant besoin pour se construire, se développer de façon harmonieuse. Et comme le soulignaient Ekman, 1982 et Izard, 1991, « l’expressivité du visage est clairement mise à profit dans la communication émotionnelle et dans la régulation des interactions sociales ».
Pouvons-nous ensemble, réfléchir à d’autres solutions, en prenant en considération les besoin sanitaires, mais aussi les besoins fondamentaux des enfants ? Nos enfants en construction, en progression, sont les adultes de demain !
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