27/03/2025
À Soulac-sur-Mer, deux plaintes ont été déposées par des familles contre un Ehpad. Elles mettent en cause les conditions de prise en charge de deux personnes âgées décédées.
Le 26 février dernier, le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête préliminaire pour homicide involontaire. Deux plaintes ont été déposées à l’encontre de l’
Ehpad Saint-Jacques de Compostelle de
Soulac-sur-Mer (Gironde), soupçonné de graves négligences.
L’été dernier, en juillet 2024, la mère de Christelle Gabriac est admise dans l’établissement.
«Je me suis occupée d’elle pendant 19 ans, mais elle avait atteint le stade 4 d’un cancer et elle ne mangeait plus. Alors j’ai décidé de la placer en Ehpad. Mais si j’avais su, je ne l’aurais jamais mise là-bas !» Le début de la descente aux enfers pour Christelle, qui va constater les négligences répétées du
personnel.
«Alors que j’avais demandé une aide alimentaire, j’ai découvert que plus personne ne la faisait manger au bout d’une semaine. Les plateaux-repas étaient simplement posés dans sa chambre. Elle n’a pas été nourrie, ils ne la lavaient pas. Dès que je venais, elle était couchée, et portait toujours les mêmes vêtements», explique l’aide-soignante, qui travaille dans un autre Ehpad de la région.
«Je peux comprendre les difficultés liées au manque de personnel. Mais garder la même culotte pendant 10 jours, c’est non !», s’offusque-t-elle.L’été dernier, en juillet 2024, la mère de Christelle Gabriac est admise dans l’établissement.
«Je me suis occupée d’elle pendant 19 ans, mais elle avait atteint le stade 4 d’un cancer et elle ne mangeait plus. Alors j’ai décidé de la placer en Ehpad. Mais si j’avais su, je ne l’aurais jamais mise là-bas !» Le début de la descente aux enfers pour Christelle, qui va constater les négligences répétées du
personnel.
«Alors que j’avais demandé une aide alimentaire, j’ai découvert que plus personne ne la faisait manger au bout d’une semaine. Les plateaux-repas étaient simplement posés dans sa chambre. Elle n’a pas été nourrie, ils ne la lavaient pas. Dès que je venais, elle était couchée, et portait toujours les mêmes vêtements», explique l’aide-soignante, qui travaille dans un autre Ehpad de la région.
«Je peux comprendre les difficultés liées au manque de personnel. Mais garder la même culotte pendant 10 jours, c’est non !», s’offusque-t-elle.
Malgré ses questions et ses alertes répétées au personnel, on lui répond que sa mère
«ne veut pas se nourrir ni se laver». Elle dénonce aussi une chambre dans un état déplorable.
«J’avais appelé le directeur de l’établissement pour que la chambre de ma mère soit nettoyée. Ça n’a jamais été fait !» La personne âgée décédera le 15 novembre 2024, après avoir fait une chute.
«Je savais qu’elle allait partir, mais pas dans ces conditions.»«Des excréments sur les doigts»
Quelques mois plus tard, un second témoignage vient conforter un manque de vigilance de l’Ehpad en question. Le mois dernier, Chrystelle Ertorteguy n’avait plus de nouvelles de son père de 76 ans depuis un mois. Inquiète, elle se rend donc jusqu’à l’établissement. Lorsqu’elle pénètre dans sa chambre, elle le découvre allongé sur la moitié du lit. «Il était mal installé, le plateau-repas était à 2 mètres de lui et il ne pouvait pas y accéder», raconte-t-elle. Chrystelle Ertorteguy est alors choquée de l’état physique de son père. «Son hygiène laissait à désirer. Il était très sale et avait même des excréments sur les doigts.»
Après sa malencontreuse visite, celle-ci décide d’accueillir son père à son domicile, mais sa santé empire et le septuagénaire est transféré aux urgences. Cinq jours après son admission en soins palliatifs au CHU de Bordeaux, le septuagénaire décède. «L’établissement ne m’a jamais informé que son état s’était dégradé. En 2023, des nodules avaient déjà été détectés et il avait une masse au niveau du cou. J’ai appris qu’il avait fait un deuxième AVC mais ensuite, il n’y a jamais eu de contrôles ni d’examens, et donc pas de soins», affirme Chrystelle Ertorteguy.
«Sanctions graves»
Suite à ces événements, les deux femmes ont donc décidé de porter plainte, le 24 février puis le 1er mars dernier. L’enquête a été confiée à la brigade territoriale de Soulac-sur-Mer. Contactée par Le Figaro, l’administration de l’Ehpad de Saint-Jacques de Compostelle nous a indiqué qu’elle «ne souhaitait pas faire de commentaires» à propos de ces accusations et qu’elle «attendait l’enquête en cours».
Suite aux révélations du scandale de l’affaire Orpea en 2022, un vaste plan de contrôle des 7500 Ehpad français avait été lancé. Lundi, la ministre de l’Autonomie et du Handicap Charlotte Parmentier-Lecocq, a annoncé qu’il avait permis d’identifier 55 établissements particulièrement problématiques, qui auraient écopé «de sanctions graves».
Le lien de l'article :
https://www.lefigaro.fr/bordeaux/il-n-y-a-jamais-eu-de-controles-et-donc-pas-de-soins-en-gironde-une-enquete-ouverte-pour-homicide-involontaire-vise-un-ehpad-20250327