Accompagnons une "suspendue" à obtenir réparation.

Mesdames, Messieurs, Citoyens français.

Je vais vous raconter l'histoire d'une "suspendue", comme on l'appelle aujourd'hui. 8 mars 2022, 12h00. Pour certaines, cette date représente officiellement la "Journée de la Femme". 

Pour Sarah (prénom modifié, évidemment), ce fut la journée de la rupture. La rupture avec son travail, avec ses amies (des collègues), avec sa famille. Sarah était, je dis bien "était" car elle ne le sera plus jamais, sage-femme. Elle avait plus de 15 ans d'ancienneté dans son service. Elle était tellement appréciée par ses collègues qui lui disaient toujours qu'elles étaient tellement contentes de travailler avec elle, parce qu'elle était toujours de bonne humeur et "au top" avec les patientes et leurs bébés. Elle n'a jamais compté le nombre de naissances qu'elle avait réalisées. Ni le nombre de mamans ou futures mamans accompagnées avec une si grande bienveillance. Autant de jour que de nuit. Un rythme que beaucoup ne pourrait pas suivre...

Mais des milliers de femmes pourraient lui dire "Merci" ainsi qu'autant de bébés bercés dans ses bras jusqu'à ce qu'ils s'endorment paisiblement et pour que leurs mamans fatiguées se reposent à leur tour. Combien de conseils et d'aides apportés à toutes ces femmes ainsi qu'à toutes leurs familles ? Elle savait avoir un contact particulier et privilégié avec chaque patiente. Combien de vies sauvées ? De bébés réanimés avec douceur pour qu'ils poussent leur 1er cri ?

Tout pouvait paraitre presque rose layette dans ce monde si particulier qu'est une maternité.

Seulement voilà, le 08 mars 2022 est arrivé. Ce fut le jour où elle fut convoquée par sa direction (par les 2 Directeurs des Ressources dites "Humaines") et suspendue, sans aucun salaire, sans aucun droit au chômage, sans cotisation retraite, sans droit de travailler car en tant que fonctionnaire, elle appartenait à l'Etat. Mais, une DRH, en lui signalant la perte de ses droits, ajouta que si elle "changeait d'avis, elle pouvait revenir quand elle le souhaitait car ils n'avaient rien à lui reprocher".

Imaginez-vous ce que cela signifie de perdre son travail sans avoir commis aucune faute professionnelle ? Je vous laisse imaginer...
Les mois suivants, elle perdit toutes ses économies pour pouvoir vivre : logement, charges, nourriture, tout ce qui est strictement nécessaire au quotidien. Rien de plus.

Toutes ses amies et bonnes collègues ont également disparu. Tout a disparu. Finalement, elle dut démissionner pour pouvoir espérer retrouver un travail. Elle est donc passée de petits boulots en petits boulots. Imaginez-vous l'impact ? Passer de responsabilités médicales où l'on sauve des vies à travailler en usine ? Puis, le chômage. 

Seulement voilà, suite à une double erreur de construction de dossier concernant son indemnisation, elle n'aura rien ce mois-ci pour payer ses factures. Elle a consulté une assistante sociale (épreuve difficile de passer de l'autre côté) mais, évidemment, elle n'a droit à aucune aide ponctuelle.

Passé ce cap, elle n'a qu'un seul objectif : obtenir réparation car elle n'a commis aucune faute professionnelle. Jamais. Pour cela, elle a besoin de l'aide de tous. En effet, s'offrir l'accompagnement d'un avocat est impossible actuellement car elle ne peut payer aucun frais supplémentaire à ceux du quotidien et elle n’a vraiment plus rien financièrement.

Elle est totalement coincée. Et elle doit agir rapidement car sinon les plaintes seront prescrites. Le dilemme est aussi cruel que la sanction : soit se battre pour espérer obtenir réparation un jour et remonter la pente. Mais, elle ne peut se le permettre. Ou abandonner toute action en justice et ne rien pouvoir espérer le jour où la France reconnaitra son erreur.

À l'heure actuelle, le pays souffre totalement du manque de soignants dans les hôpitaux, de lits, de bienveillance dans les soins... Hier, sur une chaine de TV mainstream, une présentatrice invoquait le "scandale des accouchements en France" et évoquait  "l'augmentation  de la mortalité maternelle et infantile" comme "un scandale français". Un recul comme jamais. Des maternités ferment. Des soignants disparaissent. La natalité chute. Par qui et comment celle-ci va être "réarmée" ? Comment accepter cela sans se battre avec ceux qui étaient bienveillants et qui ont été les premiers à réagir contre toutes les erreurs de gestion politico-médico-administratives ?

Aujourd'hui, Sarah et tellement d'autres ont besoin de se battre contre un système qui a épuisé les ressources humaines et qui les a laissées comme des pestiférées sur le carreau alors qu'elles avaient de vraies valeurs de soignantes bienveillantes.

Aidons-les à obtenir justice. Psychologiquement et financièrement (pour ceux qui le souhaitent). Si nous nous battons pour les suspendu(e)s, nous nous battons aussi pour notre système de santé à tous. Pour que "plus jamais ça". La santé et la vie sont nos biens les plus précieux à respecter. Battons-nous pour ceux qui ont eu à coeur de les privilégier avec tellement de bienveillance mais à leur détriment.

Sarah et moi nous engageons à aider celles et ceux qui, comme Sarah, sont dans une impasse financière pour se battre. Parce que ce combat est maintenant celui de tous.

Je vous remercie pour votre attention lors de cette lecture.