Le pogrom est un piège :
La tentation est facile, le logiciel est rodé, d'expliquer la barbarie des meurtres et enlèvements de civils israéliens par la colère d'une jeunesse palestinienne exaspérée par les profondes injustices de l'occupation, de la colonisation progressive de la Cisjordanie et de la fermeture des frontières de Gaza. Mais les événements du 7 octobre ne sont pas une manifestation ou un soudain déchaînement populaire. Il s'agit d'une action terroriste planifiée, organisée, qui a nécessité préparation, entraînement et coordination. Les horreurs commises par le Hamas ne sont pas des débordements comparables à ceux de casseurs dans une manifestation de Gilets Jaunes. Elles faisaient pleinement partie du scénario et en constituaient le volet psychologique nécessaire à la suite du plan.
Le Hamas a donné à son attaque, la forme d'un pogrom : massacre de civils, de femmes, d'enfants, de vieillards. En tout Juif, ces images réveillent une mémoire séculaire tirée d'une multitudes de récits d'expulsions, de fuites éperdues, de massacres récurrents qui ont été le lot des juifs pendant près de deux millénaires jusqu'à l'horreur absolue du génocide. Le message du Hamas est clair : « Ce n'est pas fini. Nous vous chasserons d'Israël comme vous avez été chassés des centaines de fois de là où vous aviez cru pouvoir vivre en paix. Non seulement nous n'acceptons pas l'existence d'un Etat juif, mais nous n'acceptons pas que des juifs puissent vivre sur cette terre ».
Pousser Israël à la faute :
Ce que sait aussi le Hamas, pour l'avoir déjà expérimenté, c'est que depuis la Shoah et depuis la naissance de l'Etat d'Israël, les juifs se sont jurés : "On ne nous fera plus jamais cela". Que si quelqu'un touche à un enfant juif, il en payera le prix. On l'oublie souvent mais quasi tous les juifs israéliens sont réfugiés ou enfants de réfugiés. Tous sont enfants ou petits-enfants du génocide. Devant ce qui vient d'arriver, leur colère est sans limite. Et le piège est là. Amener Israël à se venger sans limite. Le pousser à la faute. Et finalement renforcer les sentiments « anti sionistes » des opinions publiques pour empêcher les pays arabes et en particulier l’Arabie saoudite de normaliser leurs relations avec Israël et isoler Israël autant que possible sur le plan international.
Israël peut-il éviter ce piège ? Le Hamas a fait de toute la population de Gaza un bouclier humain. Le drame s’ajoute au drame. Les bombardements multiplient les victimes parmi la population civile en fuite dans des conditions humanitaires alarmantes. La libération des otages via une opération terrestre sera elle aussi couteuse en vies humaines. Les victimes collatérales civiles en grand nombre sont autant d'armes de propagande pour le Hamas.
Désunir et affaiblir les démocrates occidentaux :
Là se trouve le deuxième piège. Celui dans lequel nous, les Européens, allons tomber. Une fois passée, l'émotion suscitée par le massacre du 7 octobre, une large part de l'opinion publique a déjà pris fait et cause non pour le Hamas, enfin largement discrédité, mais pour les Palestiniens, contre Israël. La compassion pour le drame palestinien est déjà instrumentalisée par l'axe Moscou-Téhéran pour diviser les opinions publiques occidentales, pour affaiblir les démocraties et leur capacité de résistance à la guerre que la Russie et l'Iran mènent contre nous. Notre division, déjà profonde, est un danger mortel. Il faut d'urgence reconstruire l'unité des démocrates et des démocraties.
Il n'y a pas de mais !
Entre ceux qui, chez nous, défendent à juste titre le droit d'Israël à se battre pour sa survie et ceux qui défendent à juste titre le droit des Palestiniens à disposer d'un Etat souverain, il n'y a pas de contradiction fondamentale si tous veulent bien reconnaître pleinement les aspirations légitimes des deux peuples en conflit et dire clairement que leurs dirigeants ont, les uns et les autres, commis des erreurs et des fautes gravissimes qui ont embourbé le conflit au lieu de le résoudre. Il faut cesser de dire du bout des lèvres que telle ou telle politique, telle ou telle action, sont condamnables en faisant suivre cette reconnaissance d'un mais qui innocente leurs auteurs et fait porter la faute sur les autres. Il n'y a pas de mais. Chacun est responsable de ses erreurs devant l'Histoire. Aujourd'hui le Hamas doit payer pour ses crimes contre l’humanité. De préférence devant un tribunal pénal. Mais pas les populations. Pas une fois encore des juifs égorgés et des Palestiniens écrasés sous les bombes. Nous devons cesser de nous demander qui a commencé. Nous, les Européens, nous ne sommes les ennemis ni des Israéliens, ni des Palestiniens. Plus nous sommes proches des uns ou des autres par nos attaches familiales ou religieuses, plus nous devons leur souhaiter qu'une solution soit enfin mise en oeuvre, plus nous devons nous unir pour y parvenir. C'est ensemble que nous devons exiger la libération des otages, une action internationale humanitaire pour les populations civiles et des négociations sans condition entre Israël et l’Autorité palestinienne. Il y a de part et d'autre des hommes et des femmes de bon sens et de bonne volonté, capables de construire un accord de paix. C'est eux que, d'ici, nous devons soutenir. Il n'y a pas de meilleur moyen de contrer les manœuvres de Moscou et de Téhéran dirigées contre nous que d’agir ensemble, les pro-palestiniens, les pro-israéliens et l'immense majorité des démocrates qui souhaitent aux juifs et aux arabes de vivre côte à côte pacifiquement.
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