Nos corps et nos esprits sont fatigués. Le dialogue est rompu et la situation semble sans issue. La stratégie financière de Climbing District et de ses homologues arrive à bout de souffle.
La décision de racheter 4 salles à Londres, l’une des villes les plus chères au monde, qui intervient quelques semaines seulement avant l’annonce de 9 licenciements “économiques”, pose question sur les priorités que se fixe la direction. Ces licenciements auront un impact néfaste et direct sur nos conditions de travail, que l’on estime déjà déplorables, et ne faisant pas l’objet d’une rémunération adaptée. Ces problématiques apparaissent généralisées au monde de l’escalade, nous contraignant à rejoindre le mouvement lancé par les salarié•es de Climb Up Aubervilliers et à nous mettre en grève.
Nous, salariés de Climbing District, dénonçons une politique du chiffre poussée à l'extrême, qui impose un rythme et des conditions de travail intenables pour les équipes d’accueil. Ces conditions rendent impossible tout rythme de vie normal, en témoigne le turnover d’employés permanent.
Les plannings parfois donnés seulement une semaine à l’avance, les heures supplémentaires imposées sans en informer le salarié, et l’amplitude horaire nous faisant commencer à 6:30 et finir à 00:30 dans la même semaine, entraînent une forte instabilité des rythmes de vie.
Par ailleurs, les salariés sacrifient dimanches et jours fériés sans aucune indemnité compensatrice. Il en est de même pour les heures de nuit, pourtant régulières et nombreuses.
Les 9 licenciements ne feront qu’intensifier le rythme de travail, dégrader davantage l’expérience client ainsi que la sécurité des grimpeurs•euses. En effet, la réduction des effectifs ne permet pas de consacrer le temps nécessaire au contrôle des normes de sécurité. De plus, la direction nous incite fortement à enfreindre le règlement intérieur en laissant des enfants en dessous de l’âge requis à utiliser les espaces adultes, en vue de maximiser ses profits et ses avis Google.
Cette toxicité de l’environnement de travail se traduit également par une communication souvent brutale et agressive, ne laissant aucune place au dialogue constructif entre l’exploitation et la direction. Un climat de peur règne, poussant les équipes au silence et à l’effacement.
De plus, l’utilisation inadaptée et questionnable des caméras de surveillance et de la badgeuse renforce ce climat de tension.
Les pressions constantes concernant la vente dégradent autant l’expérience client que la qualité de vie au travail.
Par ailleurs, la dissonance entre la réalité de notre travail, le rattachement à la convention collective du sport et l’intitulé de poste dit de “commercial” interroge. La faible rémunération des postes d'exécution ne reflète pas la diversité des compétences exigées afin de maintenir le bon fonctionnement de la salle, et se fait au mépris de la pénibilité du métier et de notre santé physique et mentale.
Nous sommes en première ligne face aux problèmes sanitaires liés à l’inhalation de la magnésie, l’exposition à un flux de public important, la cohabitation avec de nombreux nuisibles, ou encore le ramassage des serviettes sales (un cas de gale a déjà été recensé dans nos équipes).
À ces divers risques s’ajoutent le port de charges lourdes, ou l’interdiction de s’asseoir pendant plusieurs heures d’affilée, ajoutant à la pénibilité du métier.
Il est en outre attendu que nous assurions la sécurité des grimpeur•euses, et ce sans formation ni diplôme reconnu.
La multitude de tâches exigées pour un simple poste d’hôte•sse d’accueil est en décalage complet avec une rémunération à peine quelques euros au-dessus du SMIC.
À ce maigre salaire s’ajoutent des primes, rendues difficilement atteignables par des augmentations de prix soudaines et considérables. Ces augmentations de prix, de l’ordre de 10 à 15%, allant de pair avec une réduction des services proposés, ainsi qu’une suppression pure et simple des tarifs réduits à destination des publics précaires ont entraîné une baisse considérable et prévisible des ventes.
La volonté de positionner les salles Climbing District comme des salles d’escalade “premium” semble alors d’autant plus en décalage avec le nivellement par le bas des salaires, ainsi qu’avec une pratique de l’escalade accessible à tous•tes.
Il en est de même pour les assistants managers et directeurs de salle, dont la faible rémunération ne correspond pas du tout à la charge de travail considérable, aux heures passées sur le lieu de travail et aux responsabilités inhérentes à la gestion d’une salle d’escalade.
Suite à plusieurs tentatives d’établir un dialogue avec notre direction, la communication reste à sens unique et remet en question l’intégrité des employés d’exploitation.
Aujourd’hui, nous souhaitons établir le dialogue avec notre direction et ainsi mettre en lumière les dysfonctionnements propres au monde de l’escalade et changer de manière pérenne les conditions de travail au sein des salles d’escalade partout en France.
Nous avons à cœur de préserver les valeurs de l’escalade et de bâtir un environnement de travail et de pratique sportive sain et ouvert à tous•tes.
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