NON A LA LIMITATION DES AUGMENTATIONS D’AGRÉMENT D’ASSISTANT-E MATERNEL-LE EN ISÈRE
Le Conseil Départemental de l’Isère a envoyé un courrier à tous-tes les professionnel-les de la Petite Enfance que sont les Assistant-es Maternel-les, en leur faisant part des nouvelles modalités d’acceptation des demandes d’augmentation des agréments (aussi connues sous le nom de demande de dérogations). Jusqu’ici il était possible de demander en plus de son agrément 1 ou 2 dérogations pour accueillir des enfants de plus de 3 ans souvent scolarisés. A partir de maintenant, ces dérogations seront seulement accordées en cas d’accueil de fratrie ou de transition de contrat.
Pourquoi refusons-nous cette limitation ?
- Il est important selon nous (assistantes maternelles du Nord Isère à l’origine de ce courrier), de refuser la précarisation de notre métier. Il est difficile en zone rurale d’avoir des contrats qui permettent d’avoir un salaire convenable (malgré le volume horaire consacré souvent très important). Le fait de pouvoir ajouter des dérogations pour enfants scolarisés permettait d’avoir un salaire un peu plus élevé. Avec cette décision, certain-es assistant-es maternel-les vont perdre 10 à 25% de leur revenu. Et que dire des professionnel-les qui assurent seul-es les revenus de leur foyer ? Comment vont-ils-elles subvenir à leurs besoins ? Surtout en ces temps d’augmentation constante des prix des produits alimentaires, de l’essence, du gaz...
- Il est inimaginable de mettre une valeur marchande à un petit être Humain et à sa famille. Or c’est ce que cette mesure va nous obliger à faire ! Choisir selon les demandes et les enfants, pas ceux avec qui le feeling passe bien, ni ceux avec qui nous avons la même vision de l’accompagnement à apporter à la prunelle de leurs yeux ; non : choisir celui qui nous permettra de payer notre crédit et nos courses à la fin du mois. Humainement, je refuse ce choix.
Les services départementaux de la Protection Maternelle et Infantile nous demandent de privilégier le bien-être des enfants que nous accueillons. Comment le faire si ceux-ci sont réduits à l’état de « marchandises ». Le bien-être de l’enfant veut dire pour un-e professionnel-le, l’accompagner tant que lui ou sa famille en exprime le besoin et cette mesure de restriction nous en empêche.
Le Conseil départemental dans son dernier « Bloc-note de l’assmat », nous décrit comme élément central dans la vie de l’enfant grâce au lien d’attachement que nous créons avec lui. Dans l’article concerné (« Le lien d’attachement, c’est bon pour la vie » Bloc-note de l’assmat n°29 mai 2022), il est écrit que notre travail procure un sentiment de sécurité et de valeur à travers lequel l’enfant construira sa personnalité et pourra apprendre. Comment interpréter cet article en totale contradiction avec les mesures mises en place et dont nous avons été informé-es dans le même courrier (ironie du sort !).
- Les assistant-es maternel-les de notre secteur (Nord Isère) ont du mal à répondre à toutes les demandes des familles qui cherchent un mode d’accueil pour leur enfant. Cette mesure leur complique encore plus la tâche. De très nombreuses familles vont se retrouver sans possibilité d’accueil pour leur enfant. Quelles solutions vont-elles avoir quand les services municipaux de cantine ont du mal à faire manger tous les enfants par manque de place ou de temps ? Où vont aller les enfants à qui une place sera refusée une place à la garderie ou au centre de loisir car les effectifs sont complets ? Comment vont faire les parents qui travaillent en dehors des heures d’accueil de la plupart des structures (soignant-es, forces de l’ordre, personnels des supermarchés et des usines… ?) Que va faire le Conseil Départemental pour ces familles, alors que le Président de la République s’est engagé à ne laisser aucune famille sans mode de garde ??
Cette mesure pourrait engendrer une vague de démission de parents de leur emploi (et ne nous leurrons pas, ce sont les femmes qui vont subir cette décision !) pour éviter de payer des sommes folles, ou tout simplement avoir une solution pour leur enfant. Encore un coup porté à l’égalité homme-femme !
- Cette mesure départementale va favoriser l’inflation qui est déjà galopante. En effet, nous n’allons pas avoir d’autre choix que de faire augmenter nos tarifs dans les limites maximales fixées par la Loi afin d’avoir un salaire correct et cela au détriment des familles qui, elles, vont devoir payer le salaire de leur employé-e.
- Nous savons que des personnes n’hésitent pas à se dire « Nounou » et exercer sans agrément… Ces personnes vont donc profiter de notre impossibilité d’accueillir, pour augmenter leurs revenus illégaux en accueillant les enfants des familles laissées pour compte sans contrôle des services de PMI. Le Conseil Départemental de l’Isère encourage tout bonnement le travail au noir.
Pour toutes ces raisons et bien plus encore, nous vous demandons, à vous Elus du Conseil Départemental de l’Isère, de revenir sur votre décision et de faire confiance à vos services de PMI pour accorder les dérogations demandées avec discernement, comme ils l’ont toujours fait.
Pour toutes ces raisons et bien plus encore, nous vous demandons, à vous élus de nos territoires de défendre pour vos administré-es des conditions de travail rémunératrices et pour les familles un accès au mode d’accueil de leur choix.
Pour toutes ces raisons et bien plus encore, nous vous demandons, à vous collègues professionnel-les de la Petite Enfance, parents employeurs, voisins, citoyens, de nous soutenir et de signer cette pétition
Les Assistant-es Maternel-les en Colère
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