Jusqu’en 2014, les guides-conférenciers bénéficiaient du régime d’intermittents du tourisme, qui a disparu depuis dans les limbes de la déréglementation. Depuis, certains sont salariés en CDD dit d’Usage, d’autres entrepreneurs en micro ou auto entreprise, un quart d’entre nous cumulent les deux. Cette diversité des statuts et régimes est la première source d'inégalités au sein de notre profession : chacun pour soi et tous désunis. Mais aujourd’hui, les guides-conférenciers dans leur diversité s’unissent car tous ont été privés d’activité et n’ont pas de visibilité sur l’avenir. Tous sont inquiets pour leur devenir et conscients que rien ne doit être comme avant.
La profession s'adresse au gouvernement d’une seule voix. Des actions de sensibilisation s'organisent, partout en France.
Nous guidons avec passion, accueillons avec respect, transmettons avec sérieux. Nous œuvrons au rayonnement de la culture française auprès de millions de visiteurs étrangers.
Nous valorisons le patrimoine culturel et historique français par notre apport humain, notre unicité et notre regard singulier. Nous parlons toutes les langues, nous adaptons à tous les publics et à tous les besoins d’un marché sensible et fluctuant.
Pour rappel, nous sommes un maillon essentiel du secteur du tourisme qui représente 7 à 9% du PIB (selon les sources).
Presque partout dans le monde, le tourisme de masse s’est installé. Les guides officiels de tous pays s’organisent car il savent qu’ils sont des acteurs irremplaçables de cette industrie. En France, ils désirent s’inscrire dans un tourisme plus humain, écologique et respectueux des cultures.
Notre expertise est assurée par une solide formation d’histoire et histoire de l’art, attestant notre maîtrise des langues, vous garantissant nos savoirs et représentant l’excellence française en matière de patrimoine, une formation sanctionnée par le Ministère de la Culture et du Tourisme.
Pourtant notre carte professionnelle ne paraît être qu'un bout de carton.
Un bout de carton à l'image d’une dévalorisation vertigineuse de notre métier depuis des années, soutenue par l'État qui nous demande pourtant de promouvoir le patrimoine français avec l'exigence du meilleur.
La profession se sent abandonnée alors qu’elle a accompagné le développement du tourisme au cours des dernières décennies par sa flexibilité horaire et sa mobilité intellectuelle et territoriale. Chacun d’entre-nous a adapté son mode de vie et sa vie de famille aux besoins d’un marché très spécifique. Nous travaillons quand vous êtes en vacances ou en week end.
Dans cette crise post-Covid-19, le président de la République a déclaré qu’il ne laisserait personne sur le bord de la route. C’est raté. Nous sommes les oubliés des 18 milliards d'euros du plan de relance du tourisme.
Lors de chaque crise, le tourisme est le premier impacté et à chaque fois, nous nous sommes relevés. Pourtant, nombre d’entre-nous ne se relèveront pas de la crise violente entraînée par la pandémie de COVID-19. 45% des guides prévoient de changer d'activité : la profession ne pourra pas tenir sans aide ni reconnaissance de l’Etat.
Avant la crise déjà, la profession était asphyxiée par la réforme de l’assurance chômage totalement inadaptée à l'activité fluctuante des guides. Elle l'était aussi par l'uberisation portée aux nues par le gouvernement. L’abandon de notre profession par l’État a entraîné une concurrence déloyale d’entreprises voraces qui font miroiter des Free Tours, mais pour qui rien n'est gratuit. Ces prétendus guides sont exploités, rémunérés aux pourboires au mépris de touristes peu avertis. Ils travaillent, disons le franchement, « au noir ». Ces entreprises exploitent la misère et participent à la nôtre : elles nuisent gravement à l’image de la France. De surcroît, ces plateformes, comme beaucoup d'autres, sont basées généralement à l'étranger et ne paient donc aucun impôt en France, contrairement à nous.
Nous sommes bien plus qu’une page Wikipédia sur pattes. Nous sommes l’incarnation de l’avenir au travers d’un tourisme humain.
A ce titre, nous espérions que le nouveau gouvernement nous entendrait et nous comprendrait.
Mme Bachelot nous suggère de regarder à quel point nous sommes privilégiés par rapport à d'autres pays européens. Dans sa réponse « Il est à noter que la moitié des États membres de l'Union européenne ne réglementent pas la profession. » Nous l'invitons à porter son regard vers l'autre moitié... Et à se rendre en Italie où les guides non professionnels sont effectivement verbalisés systématiquement.
Dans l’attente du retour du tourisme, nos demandes sont plus claires et précises que les réponses de la Ministre. Ainsi nous demandons des aides prolongées en cette période exceptionnelle : une année blanche comme les intermittents du spectacle pour les salariés, le prolongement du fonds de solidarité pour les entrepreneurs en micro ou auto entreprise ainsi qu’une réflexion sur un régime particulier pour les intermittents de la culture, afin d’assurer la pérennité de notre métier.
Ces mesures ne coûtent pas 18 milliards d'euros, elles changeraient nos vies. Elles sont essentielles pour le patrimoine et justes pour les femmes et hommes qui le font vivre. Elles sont indispensables pour maintenir ce trait d'union passionné entre vous et notre patrimoine commun.
Arrêtons de tirer vers le bas, Mme Bachelot, commençons à tirer vers le haut, vous êtes ministre de la Culture de la première destination touristique au monde, ne soyez pas ministre de l'inculture.
Madame Bachelot, Monsieur Lemoyne, Monsieur Le Maire, AGISSEZ !
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