N'incinérons plus nos défunts ! Il est temps de faire entrer le mot crématiser dans le dictionnaire. Derrière cette revendication surprenante, il y a un point de psychologie et de sociologie, qui est essentiel.
Le problème posé par le vocabulaire est, lorsqu'on y réfléchit, simple : il n'existe pas de mot à la fois dédié et correct pour parler de la crémation d'un corps humain. Ou plutôt si, mais il n'est pas reconnu officiellement et mentionné comme « néologisme ».
Quels sont les mots actuellement proposés ? Ils sont deux : incinérer et crémer. L'incinération désigne l'action de réduire quelque chose dont on souhaite se débarrasser en cendres, par l'action du feu. Le problème est que le mot n'est pas dédié à un usage : si vous dites « elle a été incinérée », vous pouvez parler aussi bien de votre poubelle que de votre grand-mère.
Sans toujours réussir à identifier précisément le problème, les familles en deuil sont généralement mal à l'aise avec ce mot. Elles ont du mal à comprendre que le terme soit le même pour leurs déchets ménagers et une personne qu'ils aimaient.
Le terme correct est le verbe crémer, d’où découle d'ailleurs le mot crémation. Mais crémer pose un double problème. Premièrement, c'est un mot savant, utilisé par les archéologues pour les sites antiques, mais très peu répandu dans le vocabulaire de la vie courante. Deuxièmement, le mot « cramer » en est une déformation argotique, et les consonances en sont restées très proches.
Très tôt, lorsque la crémation est apparue en France, le besoin d'un mot dédié pour l'action de sublimation d'un corps humain par le feu, répondant à des impératifs légaux et rituels, s'est fait sentir.
Quoiqu'on ait perdu la trace de sa création, le néologisme « crématiser » s'est imposé, de Marseille à Lille, de Brest à Strasbourg.
Crématiser se décompose en deux partie : créma, qui évoque donc la crémation humaine, et tiser, qui désigne l'action d'introduire un combustible dans un four. Étymologiquement, le mot est donc bien construit.
Il présente l'avantage de ne pas prêter à confusion avec d'autres termes. Il est facile à prononcer. Surtout, il propose une image spécifique à la crémation humaine, contrairement à incinérer. Enfin, ce n'est pas un anglicisme, mais un mot étymologiquement composé de racines grecques et latines.
Lorsque les professionnels du funéraire l'utilisent, le même phénomène est toujours constaté : les familles l'acceptent sans s'interroger, se l'approprient et l'adoptent naturellement.
L'initiative lancée par Funéraire Info vise à faire entrer le mot crématiser dans le dictionnaire et le langage officiel, en faisant suffisamment de publicité autour de cet événement pour faire connaître ce vocable à tous.
Parce qu'il est inadmissible de voir des présentateurs de journaux télévisés parler de l'incinération d'une personne connue comme s'il s'agissait d'un vulgaire déchet ménager, parce qu'il est intolérable aux professionnels du deuil de voir des familles éplorées devoir utiliser un vocabulaire inadéquat et évocateur dans un moment d'immense détresse, faute de mieux.
Le sujet est-il futile ? C'est ce qu'il pourrait sembler. Pourtant, pour celles et ceux qui ont perdu un proche et ont fait le choix de la crémation, un mot peut tout changer dans le processus de deuil. Oui, c'est un sujet futile, jusqu'au jour ou l'on est soi-même confronté au décès d'un être cher.
Pour cela, nous lançons une pétition.
Elle sera transmise à l'Académie Française, à Madame la Ministre de la Santé, et aux principaux titres de la presse nationale. Même si, par définition, les Immortels ne sont concernés ni par la crémation ni par l'inhumation, nul doute qu'ils saisiront l'importance que revêt ce mot, et d'autant plus vite que nous serons nombreux à signer cette pétition.
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.