Monsieur le Président du Conseil Départemental de la Marne,
Je suis atteint de cécité totale depuis décembre 1988, autonome par mon travail ainsi que dans mes déplacements comme d'autres personnes mal-voyantes et non-voyantes. Ayant été en centre de rééducation fonctionnelle puis en centre de formation et de rééducation professionnelle, je vis actuellement seul en appartement partiellement adapté aux différents handicaps.
Depuis ma cécité, la société a évolué, et notamment les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Malgré les compétences en informatique acquises et les formations suivies dans le cadre de mon travail, toute démarche sur internet nécessite une aide humaine compétente. En voici quelques exemples : prendre un rendez-vous médical (Doctolib), déclarer ses impôts, communiquer avec les services publics, effectuer des démarches auprès de la CAF, de la CPAM, rechercher un avocat, effectuer des opérations bancaires sur une application smartphone…
Les professionnels du SAVS de l'Institut Michel FANDRE peuvent répondre à ces besoins, en plus de leur accompagnement dans la compensation de la déficience visuelle comme l'instruction de la locomotion, l'instruction des techniques de compensation dans les activités de la vie quotidienne, l'aide à l'équipement, et à l'aménagement du logement (installation d'une douche plutôt qu'une baignoire, installation de radiateurs vocaux, installation de repères tactiles sur les appareils électroménagers, installation de synthèse vocale sur ordinateur...) ce qui permet d'accéder à un maximum d'autonomie.
Ce service est indispensable pour des personnes en situation de handicap visuel, cependant, le règlement départemental d'aide sociale de la Marne, prévoit la récupération sur succession de l'aide sociale perçue au titre de l'accompagnement par le SAVS. Ceci empêche ou interdit à nombre de personnes handicapées ou âgées (les pathologies visuelles survenant avec l’âge) l'entrée au SAVS qui serait pour eux une aide nécessaire et bienvenue.
L'information donnée sur ce règlement a également causé la sortie du service de nombreuses personnes dont les besoins d'intervention de ces professionnels ne disparaissent pas pour autant.
Le non-recours ou la sortie du SAVS ont pour conséquence l'arrêt de projets de vie, la diminution de la vie sociale, l'isolement, la dépression. Cela cause également des problèmes dans les démarches administratives (majoration d'impôts, retard de factures, versement de certaines allocations ou aides retardées...). Cela restreint l'insertion professionnelle car les postes de travail ne sont pas ou très peu adaptés, ou les formations sont refusées, d'autant que les aides financières AGEFIPH sont souvent méconnues par les entreprises.
Il n'est également pas possible de faire la transposition des acquis à la suite des séjours en centre de rééducation, ce qui provoque une mise en danger dans les déplacements, réduit l’autonomie au quotidien, voire rend dépendant d'une tierce personne.
Je sollicite de votre part la révision du règlement départemental d'aide sociale de la Marne (article II.9-10) afin qu'il n'y ait plus d'obstacle à l'entrée et à la réintégration des personnes malvoyantes et non-voyantes au SAVS Michel FANDRE.
Dans l'attente d'une réponse favorable, veuillez recevoir l'expression de mes sincères salutations.
Francis Decroux
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