Vous avez été plus de 3200 sur les deux pétitions. Merci !
Les travaux sont terminés à l'hôtel de ville d'Argentan et, d'après de nombreux témoignages, l'aigle bicéphale, symbole de la ville, a été maintenu. La pétition est donc close. Merci à chacune et chacun de vous être engagés pour le maintien de l'aigle au sommet de l'hôtel de ville.
Nous restons vigilants cependant.
Il est prévu d'enlever l'aigle bicéphale, symbole d'Argentan, de la façade de l'hôtel de ville. Cela ne peut pas être, parce que cet aigle c'est la ville elle-même.
Ne décrochez pas l’aigle à deux têtes du fronton de la mairie. S’il vous plaît ne décrochez pas Argentan.
Cet aigle est le symbole d’Argentan depuis la nuit des temps. Il n’est ni ringard, ni moderne, ni moche, ni beau : c’est notre héritage venu du fond des âges. On ne choisit pas son héritage, parfois pour le pire, ici c’est pour le meilleur.
Parce que cet aigle à deux têtes qui figure sur l’hôtel de ville depuis 1957, et qu'on veut virer au nom d’on ne sait quelle modernité, c’est bien plus qu’un aigle: c’est un phénix. Il symbolise la renaissance de la cité après les destructions de 1944. Il doit demeurer au plus haut de la maison commune pour rappeler quelle force est celle de la ville d’Argentan dont il est le symbole multi séculaire.
Parce que cet aigle bicéphale, il n’est pas là par hasard.
Aux derniers jours d’août 1944, après les combats pour la Liberté, les Argentanais ont découvert une ville ravagée. Dans les rues d’Argentan, si jolies autrefois, qu’on avait connues truffées d’hôtels particuliers, de belles maisons de bois parfois, ou blanches comme ce beau coin de Normandie sait les construire, on découvrait un paysage de destruction. On pleurait les disparus. On voyait les gens errer à la recherche de quelques restes de leur vie d’avant. chercher des souvenirs dans les pierres calcinées. Dans la ville détruite, on poussait les décombres au bulldozer pour tracer des rues et pouvoir au moins la traverser. On cherchait un toit. De nombreuses familles, qui n’avaient plus rien, ont été logées comme on pouvait dans des baraquements. Si chauds l’été, si froids l’hiver. Humides…. Et on a commencé le grand chantier : celui de la reconstruction. Elle a duré des années et des années. On n’imagine plus l’immense effort de nos anciens pour reconstruire. Ils y ont mis toute leur énergie et tout leur cœur. Et Argentan est revenue à la vie.
Il incarne la fierté d'une ville revenue à la vie
Ce moment du retour à la vie après tant de souffrance il est incarné par l’hôtel de ville, l’une des dernières reconstructions. La plus importante peut être avec la résurrection de Saint Germain dont les images de la tour lanterne crevée et de la nef écroulée font frémir encore 70 ans plus tard. En 1957, après tant de souffrance, tant de travail, au terme de travaux dantesques, au milieu d’une ville encore en chantier, nos prédécesseurs ont installé l’aigle à deux têtes au sommet de l’édifice commun le plus important, lieu de tous, riches ou pauvres, hommes ou femmes, croyants ou non croyants, gaullistes ou communistes… La Maison de tous.Remarquez bien qu’eux aussi auraient pu juger que ce symbole était daté. Surtout sur un monument tout neuf à l'époque. Emblématique de l’architecture de ce temps là. Il est d'ailleurs de nos jours, labellisé « patrimoine du XXe siècle ». Un bâtiment, qu’on peut ne pas aimer d’un point de vue esthétique mais qui est déjà, dans les faits, un monument du patrimoine. Nos anciens (qui étaient jeunes à l’époque), ont jugé que cet aigle bicéphale (encore qu’il est parfois représenté dans les livres les plus anciens avec une seule tête) n’était pas ringard bien au contraire. Ils ont pensé que c’était le symbole de leur ville et qu’il devait figurer au plus haut.
Et l’histoire de la ville a continué.
Quand Saint Germain se souvenait avoir entendu Henri IV, l’aigle de l’hôtel de ville a entendu le discours du Général de Gaulle. Quand le château avait vu naître la dynastie des architectes Gabriel, à qui Paris et Versailles doivent leur plus beaux ornements, le gamin Fernand Léger commencer la peinture, l'aigle de l'hôtel de ville a vu passer l'immense talent de Gerard Saint … Et il a vu l’histoire continuer de s’écrire. La grande et la petite. L’intime aussi. Celle de générations d’Argentanais venus déclarer des naissances, des mariages, des décès, envisager l’avenir, débattre aussi, voter. Ainsi, si l'aigle à deux têtes est le symbole d'Argentan, l'aigle à deux têtes de la mairie c'est le symbole de la renaissance d'Argentan. De sa capacité à reconstruire, à voir l'avenir par delà la détresse. Et on va le virer comme un vulgaire panneau de signalisation !
"il est daté" : évidemment !
Et virer pourquoi ? Juste parce qu’il est jugé ringard en fait. "il est daté" lit on dans la presse. Il ne serait pas vecteur de communication en somme. Et alors ? Ça n'est pas son rôle. Il n’est pas là pour ça. Pour cela faites des logos, des affiches, du digital tant que vous voulez... Lui, il est l’héritage des Argentanais d’hier, d’aujourd’hui, et de demain.
Ce qui est "daté" c'est qu’on puisse ne pas voir la force du symbole, de l'histoire, et qu'au final, ce qu'on va décrocher du fronton c'est la ville elle-même.
N’y touchez pas. Intégrez le aux travaux. Mettez le en valeur. Qu’Argentan garde sa mémoire. Que l’aigle à deux têtes, l’une tournée vers le passé, l’autre vers l’avenir, continue d’affirmer qu’Argentan n’est pas qu’une ville : c’est un phénix.