Lettre ouverte au Président de la République
Monsieur le Président,
Les migrants, nous le comprenons bien, vous préoccupent. Sur mer et sur terre, les tragédies qu’ils vivent, que nous voyons le plus souvent de notre fauteuil, nous rappellent en effet qu’il est urgent d’agir. Et qui mieux que vous peut en effet trouver une parade à ces catastrophes humanitaires. Nombre de réfugiés, de tous âges et de toutes confessions, ont quitté leur pays la mort dans l’âme, en espérant trouver chez nous la vie qu’ils ont perdue et qu’on leur a souvent confisquée.
Car il s’agit bien de cela n’est-ce pas ? Ces femmes, hommes et enfants, jeunes et vieux ne s’engagent pas dans ce périple avec le sourire. Quand on voyage dans l’effroi et la douleur, on a juste des larmes dans les yeux. En vérité, aussi étranges qu’étrangers, froids et sombres, ces gens ne nous renvoient rien de moins que notre part d’ombre : s’ils ne trouvent plus la paix, c’est parce qu’ils sont victimes de nos guerres. Même leur langue que nous ne comprenons pas est l’écho de celle que nous utilisons chaque jour et qui porte les noms de liberté, égalité, fraternité.
Monsieur le Président, vous avez annoncé la semaine dernière cet objectif : qu’il n’y ait plus un seul migrant dehors avant 2018. « D’ici la fin de l’année, je ne veux plus personne dans les rues, dans les bois. » Sans doute est-ce là votre manière de dire votre ambition d’atténuer les drames que vit cette population loin de chez elle.
Zéro migrant fin 2017 sous-tend bien évidemment que vous leur aurez trouvé un abri, une assiette, un espoir. L’attention est louable et nous voulons partager, sinon saisir ici toute son ampleur. Il importe en effet que le refuge, temporaire ou non, que notre France leur accorde les empêche non seulement de mourir, mais les aide surtout à vivre. Que nous facilitions leur demande d’asile... Que plutôt que de mépris, nous les aspergions de bienveillance. Que l’accueil que nous leur proposons ne soit plus humiliant, mais nous rende notre fierté d’appartenir au pays qui incarne si bien l’histoire des droits de l’homme. Alors, forcément, nous nous demandons...
Monsieur le Président, nous nous demandons si d’ici la fin de l’année, une autre population dont on parle peu – ou si peu – bénéficiera des mêmes faveurs et de la même attention. Nous nous demandons si l’hiver prochain, aux côtés de ces réfugiés dont nous défendons l’existence, d’autres personnes que nous voyons et que vous voyez du matin au soir auront cette main tendue que vous savez si bien offrir. Nous nous demandons si la faim et le froid les épargneront enfin.
Ces femmes, ces hommes et ces enfants, jeunes et vieux, dont nous vous parlons ici, se comptent par milliers, peuplent nos rues et dépeuplent notre conscience. Ils sont aussi pauvres, aussi désemparés, aussi survivants. On les appelle SDF. Ces dix dernières années, leur nombre a augmenté de 50 %.
Aujourd’hui, un Français sur sept vit sous le seuil de pauvreté. Monsieur le Président, la misère est une et ne supporte aucune distinction. Lorsqu’elle prend un morceau de notre humanité, elle n’a pas de nom, de nationalité. Elle a juste le visage de notre indignité.
Monsieur le Président, pouvez-vous vous engager à ce que fin 2017, nous ayons dans nos rues et dans nos bois zéro SDF ?
L'itinérant
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