Nous, Travailleurs Handicapés en ESAT (Établissements et Services d'aide par le Travail), nous voulons être considérés comme des Travailleurs à part entière, et non comme des usagers. Nous demandons à relever du Code du Travail tout en conservant notre statut de travailleurs Handicapés.
Nous pouvons témoigner de la part que nous prenons à la société tout en assumant les contraintes de notre état et la fragilité de notre santé.
Nous nous levons tôt le matin comme tout un chacun, nous nous rendons sur nos lieux de travail, nous assumons nos tâches dans les différents métiers où nous avons acquis une qualification : restauration et service en salle, centrale avec livraison de repas, accueil-réception, relais-poste, saisie informatique, blanchisserie, repassage, menuiserie, espaces verts, conditionnement, reliure, sous-traitance industrielle, façonnage, pliage, mise en colis, suivi de clientèle…
Comment alors accepter d’être définis comme « usagers » et non comme travailleurs, ne relevant pas pour l’essentiel du code du travail mais des affaires sociales, notre rémunération n’étant pas un salaire mais une « indemnité occupationnelle » ? On croit rêver…
Comment accepter que sur une fiche de paie, pour 151h de travail, la rémunération directe soit de 279€, le reste étant partagé entre différentes aides et allocations ? Sommes-nous des mendiants ? N’est-ce pas une discrimination et une injustice ?
Comment accepter qu’après 20 ans de travail on vous octroie généreusement 40€ ? Beaucoup d’entre nous vivent sous le seuil de pauvreté, et par le fait, sont à charge de leur famille quand famille il y a. Que devenons-nous au moment de faire valoir nos droits à la retraite ?
2- Nous ne voulons pas nous laisser enfermer dans notre handicap
Bien sûr nous portons au quotidien, parfois depuis l’enfance, les limites et les souffrances liées à notre handicap. Mais nous refusons d’être mis dans des cases et de n’être considérés que sous l’angle de nos infirmités apparentes ou invisibles.
Nous revendiquons l’autonomie et ceci passe par le travail, à égalité de droits et de devoirs, tenant compte évidemment de nos possibilités. Ceci exige de nous une forte motivation et beaucoup d’efforts, reconnus et salués par nos encadrants et moniteurs d’atelier, comme par les services de la médecine du travail.
Comment se trouve-t-il alors que notre statut soit déconsidéré par rapport aux mêmes personnes (y compris handicapées) travaillant en circuit dit « normal » ?
3- Pour changer la société, changeons de regard
La table ronde de ce 26 septembre 2020 à Épinal a fait ressortir :
- Le courage, la motivation, la joie dont témoignent les personnes en situation de handicap et dont beaucoup pourraient s'inspirer dans ce contexte de peur et de repli.
- La reconnaissance de leur travail comme œuvre et comme contribution à la société, avec d'indéniables compétences et qualités humaines et professionnelles, à égalité de droits et de devoirs.
- La valeur ajoutée que représentent ces catégories de population en situation de fragilité, de même que les personnes âgées, les migrants, souvent considérés comme une charge pour la société.
L'expérience montre que le regard change quand on se rencontre, quand on s'informe, quand on agit ensemble. Les mentalités évoluent. C'est pourquoi il faut continuer à s'engager, montrer la réalité du travail, faire des reportages et les diffuser.
Pour changer la loi, impliquer nos réseaux en vue d'une pétition citoyenne à tous les niveaux, local et national, en vue de la reconnaissance du statut de travailleurs, avec une vraie représentation, un vrai salaire, une vraie retraite !
Contact : angelique.tissier.aco@gmail.com
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.