Bonjour,
Nous voulons définitivement la suppression de l'arrêté anti mendicité sur Amiens.
En effet, la mairie d'Amiens a interdit la mendicité du 1 mai au 31 août.
Voici l'extrait de la lettre envoyé à la mairie d'Amiens :
Madame le Maire,
Ce lundi 25 mars est paru un article concernant un “arrêté anti-mendicité” dans bon nombres de journaux, réseaux sociaux et chaînes d’informations.
Ce jour marque peut-être encore une fois une fracture entre le discours politisé et la réalité de la rue.
La réalité de la rue Madame, la voici : environ 330 milles sans-abris en France. 330 milles êtres humains. Ces humains de la rue essayent de survivre. Ces humains de la rue ont un prénom, une histoire et le plus souvent un ou des diplômes. Ces humains de la rue cherchent un parfait équilibre entre une mendicité alimentaire et une envie de rester invisible aux yeux de la ville. Derrière chaque visage, il y a un prénom et derrière chaque personne, une histoire.
Réduire grossièrement ces êtres humains à un public jugé agressif et faisant fuir des potentiels clients et clientes, n’est pas une chose humaine. Tout le monde a l’habitude de marcher dans la rue, de se forcer à tourner le regard faisant semblant de ne pas voir la personne assise devant le magasin. Parfois, une main est tendue pour donner une pièce, un café, un sourire. Mais irions-nous jusqu’à demander à la personne de partir ? Lui dire qu’elle dérange ? Mais vous, vous avez décidé de poursuivre votre route sans penser que la leur est déjà finie, à moitié détruite ou pas encore construite.
Vous avez décidé que mendier ce n’était pas assez bien, pas assez beau pour les rues de notre ville. Alors plutôt que d’essayer de comprendre, d’essayer d’aider, vous préférez interdire. Mais que peut-on interdire à quelqu’un qui n’a plus rien ? De quel montant sera l’amende à une personne qui doit mendier son repas ? Vous justifiez cette décision par l’agressivité des sans-abris qui importuneraient les commerçants.
Il semble tellement plus facile de les écarter du centre-ville plutôt que de comprendre d’où vient cette agressivité. Heureusement que dans notre belle ville d’Amiens, via des associations ou des organismes, des maraudes ont lieu presque chaque jour de la semaine. Qu’il s’agisse d’un café ou d’un repas chaud, des produits d’hygiène ou des couvertures, des personnes maraudes toute la semaine afin d’aider ces humains de la rue à survivre un jour de plus. Toutes les semaines, en tant qu’association, nous allons marauder et les rencontrer. Toutes les semaines, nous prenons le temps de discuter, de rire, d’espérer. Ils sont comme nous. Quoi qu'ils sont sûrement plus humains dans les coins. On n’a jamais vu autant d'histoires tristes, un travail perdu, une maladie, un décès.
Tout va si vite, tout va si loin. Pourtant, ce sont eux qui partagent le plus. Jamais à prendre un repas en trop pour ne pas « prendre la part des autres » ou « au cas où tu croiserais quelqu’un qui en a besoin ». Toujours à rester sur le côté, presque honteux de venir demander. Toujours un merci, une histoire pas choisie, des nuits entières dans le froid, des journées d'indifférence, couler encore et encore sans jamais remonter. Ils font la manche au soleil et sous la pluie, tard le soir devant les tabacs et tout ça pour quoi ? Pour espérer avoir un repas, une douche, un peu de décence dans leur existence.
Vous nous expliquez également que le plan anti-pauvreté existe, que dix frigos solidaires vont arriver. Quand, pour qui ? À quoi bon avoir accès à un frigo si l’on ne peut pas réchauffer un plat ? Cela fait maintenant trois ans que nous insistons pour avoir un point d’eau place Gambetta. Une fontaine pour que chacun puisse remplir sa gourde et continuer son chemin. Pour que tout le monde puisse se désaltérer, mais aussi pour que les sans-abris puissent avoir accès à de l’eau aisément.
Trois ans que l’on nous répète que cela n’est pas possible, que c’est trop compliqué. Faire en sorte que la pelouse soit belle pour les beaux jours est sûrement plus important que de s’assurer que tout le monde puisse boire. Au même titre que l’eau, nous avons demandé plus de toilettes publiques ouvertes la nuit. Mais c’est impossible. C’est toujours impossible. À Amiens comme partout, la rue est un champ de ronces dans lequel tout le monde peut se retrouver coincé en ayant énormément de mal à s’en extirper. Les traces et les blessures que laisse cette épreuve à ces humains sont indélébiles.
Alors, oui, il arrive que certains soient agressifs, la rue n’aide pas à se sentir en joie. Mais résumer la mendicité à de l’agressivité, c’est être aveugle à la réalité. Mendier n’est pas un plaisir ou une carrière, c’est une façon de survivre. En voulant l’interdire dans les rues du centre-ville, vous savez très bien qu’ils n’auront pas d’autres endroits où aller. C’est là où les spots sont les plus intéressants pour espérer avoir à manger ou quelques pièces. Certes, il existe aujourd’hui des dispositifs pouvant venir en aide à ce public. Beaucoup de chemins existent, mais très peu connaissent la route. Beaucoup de solutions existent, mais trop peu de moyens sont mis en œuvre pour les appliquer à grande échelle et de façon pérenne.
Avant de vouloir déplacer ou bien punir une minorité affaiblie et n’ayant pas de toit, je vous invite à rejoindre l’une des nombreuses maraudes amiénoise pour vous rendre compte de cette réalité, de voir à quel point la rue est capable de prendre sans jamais rendre. Venez parler avec ces humains.
Nous vous demandons de ne pas mettre en place cet arrêté que nous considérons inhumain. La dignité d’une vie vaut bien plus que n’importe quelle mesure restrictive.
L’intégralité des Maraudes Citoyennes Amiénoises se tient disponible pour tout contact cordial et toute nouvelle mesure visant à venir en aide à un public qui ne demande qu’une chose : de l’humanité.
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.